Les PFAS, dont les produits de nos salles de bain regorgent, ne sont pas les seules substances problématiques dans les produits de beauté.
En plus d’être des polluant éternels, les PFAS sont partout : dans l’eau, les fruits et légumes, les poêles antiadhésives… Nos confrères de Vert ont aussi retrouvé bon nombre de ces substances dites per- et polyfluoroalkylés dans des cosmétiques de grandes marques comme L’Oréal, Lancôme, ou encore Kiko.
Le média détaille sa méthode et ses résultats dans une enquête publiée le 7 octobre sur son site internet : « En concentrant nos recherches sur les principaux commerçants de produits de beauté en France, nous avons détecté plus d’une centaine d’articles sur internet faisant mention d’au moins un de ces PFAS dans leur composition. » Et pointe, entre autres, des rouges à lèvres et des crèmes et sérums anti-âge.
Pour des cosmétiques sans PFAS, privilégiez le label bio
Au regard de ces conclusions, il est tentant de faire un tri dans votre panier de courses… et votre salle de bain ! Dans les rayons, le plus rapide consiste à privilégier les produits affichant le label bio, dont le cahier des charges exclut les PFAS pour les cosmétiques.
À la maison, il faudra vous pencher sur les listes d’ingrédients pour savoir si votre maquillage non bio contient des substances perfluorées. Ces dernières sont repérables à leur nom, qui contient les syllabes « perfluoro », « difluoro », « trifluoro », « tetrafluoro », « pentafluoro », « octofluoro »…
Au-delà de l’effet lifté, les fabricants de cosmétiques utilisent aussi les PFAS pour leurs propriétés hydrophobes : ainsi, vous avez plus de risques d’en retrouver dans du maquillage waterproof que dans des produits gras de type baume à lèvres.
Malheureusement, bannir les PFAS de votre routine beauté risque ne suffira pas à vous protéger de ces substances, dont les effets délétères sur l’environnement et la santé ont été prouvés : maladies thyroïdiennes, diminution de la réponse à la vaccination, taux élevés de cholestérol… Pour limiter considérablement votre exposition, il faudra commencer par vous attaquer à votre cuisine.
L’alimentation, une source de contamination majeure
Les PFAS sont, en effet, largement présent dans notre alimentation. Leurs propriétés barrières aux graisses en font des composants de choix pour les emballages alimentaires. Le PFOA, un polluant éternel suspecté d’être cancérigène, est interdit depuis juillet 2020, mais d’autres PFAS restent très répandus dans les poêles antiadhésives et autres ustensiles de cuisine.
Dommage que ces derniers aient été exclus de la proposition de loi adoptée le 4 avril dernier pour protéger la population des risques liés aux polluants éternels… En revanche, la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché des vêtements et cosmétiques contenant des PFAS devraient être interdites dès 2026.
D’autres ingrédients problématiques dans les cosmétiques
De quoi acheter des cosmétiques les yeux fermés ? Pas tout à fait. Les PFAS sont loin d’être les seules substances problématiques dans le maquillage et les produits d’hygiène. Certaines substances peuvent provoquer des allergies ou des irritations, comme les parfums synthétiques (limonène, linalool, géraniol…) et les filtres chimiques présents dans les produits solaires.
Un autre exemple parmi tant d’autres substances irritantes est celui des sulfates, utilisés pour leurs propriétés moussantes dans certains soins pour la peau et les cheveux. « Ce sont les mêmes tensioactifs utilisés dans les détergents les plus agressifs ! », observe Emmanuel Chevallier, ingénieur à l’Institut national de la consommation (INC, l’éditeur de 60 Millions de consommateurs). Pour couronner le tout, ils sont toxiques pour les milieux aquatiques.
Perturbateurs endocriniens, cancérogènes…
Bon nombre de cosmétiques affichent également des perturbateurs endocriniens suspectés ou avérés dans leur composition : les parabènes, surtout présents dans les crèmes, lotions et sérums pour la peau, ainsi que les produits de maquillage ; le diethylhexyl phtalate, un perturbateur endocrinien avéré qui est utilisé dans les soins capillaires ; l’octocrylène et l’oxybenzone dans les produits solaires… Sans compter les dangers sur l’environnement que font peser certaines de ces substances.
La liste ne s’arrête malheureusement pas là : microplastiques dans certains gommages ou dentifrices, traces de métaux lourds dans des rouges à lèvres et fards à paupières… Mais dans ce sombre tableau figurent quelques lueurs d’espoirs, par exemple pour le BHT et le BHA, des antioxydants possiblement cancérogène pour l’un et controversé pour l’autre, qui sont également suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. « On en trouve de moins en moins dans les produits de soin pour la peau, c’est une bonne nouvelle », note Emmanuel Chevallier.
Un mémo pour vous aider à y voir clair !
Pour vous aider à faire les bons choix en magasin, nous avons élaboré un mémo des bons et mauvais ingrédients que vous pouvez imprimer ou télécharger sur votre téléphone. Les ingrédients y sont répertoriés par catégorie de produits (fonds de teint, crèmes et laits hydratants, gels de douche, vernis à ongles, etc.), selon leur degré de dangerosité : à privilégier, faute de mieux, et à proscrire.
Source : 60 millions de consommateurs, publié le 17 octobre 2024